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Appelez-moi Tracteur

Michael BROWN

Durant les dernières années, nos adversaires moraux et culturels ont raillé nos prévisions, nous disant que nous étions trompés, qu’il n’y a aucune pente descendante, que les scénarios par lesquels nous les avions avertis ne sont que des fictions de notre imagination suractivée.


Ont-ils raison ? Août dernier, j’ai écrit un article intitulé « Les garçons seront des filles qui seront des garçons », adaptant le titre d’un article tiré d’un livre de coloriage de 2004, appelé Les filles seront des garçons qui seront des filles. (Le but de ce livre pour enfant était de déconstruire les « rôles traditionnels des genres »).

Dans cet article, je remettais en cause le décret de l’Assemblée 1266, qui venait d’être voté en Californie, et qui permettait aux étudiants de grades K-12 (ndt : étudiants niveau collège et lycée en France) non seulement de choisir quels sanitaires ils pouvaient utiliser, basés ce qu’ils ressentaient qu’ils étaient (filles ou garçons), mais également dans quelle équipe sportive ils pouvaient jouer (c’est-à-dire l’équipe des garçons ou l’équipe des filles), utilisant bien sûr les vestiaires adéquats.

Comme je l’ai expliqué, cela signifie que le « jeune Sam âgé de dix-huit ans, qui est convaincu d’être Sally, peut non seulement venir au lycée habillé en fille, mais également utiliser les sanitaires des filles. Il peut jouer dans l’équipe de basket des filles et également utiliser leurs vestiaires.»

Inutile de dire que je fus ridiculisé pour avoir fait ce commentaire, et blâmé pour mon manque de compréhension. Bien ! En février 2014, on annonça qu’un étudiant âgé de dix-sept ans, qui maintenant s’identifie comme étant une fille (bien que n’ayant eu aucune opération de changement de sexe ni même de traitement hormonal), et qui jouait dans l’équipe masculine de baseball (en tant que garçon), jouera désormais dans l’équipe féminine de baseball. Cela ne convenait pas du tout à Randy Thomasson, président de SaveCalifornia.com (ndt : institution de protection de la famille et du mariage), qui commenta sur FoxNews.com : « C’est catégoriquement injuste pour les filles biologiques de devoir être en compétition avec un jeune homme sexuellement confondu qui possède une force physique bien plus puissante, rendant ainsi le jeu complètement inégal. »

Il est intéressant de voir que l’Iran a banni un certain nombre de joueuses de son équipe féminine de football en salle, parce que ces dernières étaient biologiquement masculines (ou avaient d’autres problèmes sexuels), lors d’un communiqué disant : « Des footballeuses de la ligue féminine professionnelle d’Iran sont contraintes de passer des tests obligatoires de genre afin d’établir qu’elles sont réellement de sexe féminin ». « Le conseil d’administration du football du pays (c’est-à-dire le football en salle) mène des contrôles aléatoires après qu’il a été révélé que plusieurs joueuses principales –incluant quatre dans l’équipe féminine nationale- étaient en fait des hommes qui n’avaient pas été au bout de leur opération transsexuelle ou qui souffraient de désordres dans leur développement sexuel.

De retour en 2011, dans le dernier chapitre de A Queer Thing Happened to America -(ndt : Une chose étrange est arrivée à l’Amérique)- (le chapitre était intitulé « GLBT -Gay, Lesbienne, Bisexuel et Transexuel- et au-delà : réflexions sur notre trajectoire actuelle »), j’ai averti que partir sur des définitions de genre masculin-féminin conduirait à un monde dans lequel le ciel serait la limite quant à la façon dont nous avons défini et décrit le genre.

Cette semaine, Rich Ferraro, de l’organisation activiste gay GLAAD, apparut sur CNN pour discuter de la décision récente de Facebook d’offrir aux utilisateurs américains la possibilité de choisir parmi cinquante différentes descriptions du genre (incluant « aucun », pour ceux qui croient qu’ils ne sont ni homme ni femme), avec des utilisateurs capables de choisir dix descriptions à la fois. (Ferraro fut interviewé par Kyra Phillips, connue pour être une activiste du GLBT).

Kyra PHILLIPS : Alors, que dites-vous à ces gens qui sont plus du genre ‘OK, cela c’est trop compliqué pour comprendre –et pourquoi ne peut-on pas rester plus simple [c’est-à-dire : masculin ou féminin]’ ?

Rich FERRARO : Certainement. Je ne pense pas que c’est ridicule d’accepter des jeunes gens GLBT à cause de qui ils sont. Je pense que Facebook a vraiment fait un grand pas en avant – pour dire à ces jeunes qu’ils peuvent être qui ils veulent sur Facebook.

PHILLIPS : Bien, c’est une bonne chose. Nous voulons tous être qui nous sommes –pas vrai, Rich ?

À quoi ressemble exactement cette « bonne chose » ? Nous laisserons les gens nous aider ici sur NPR (ndt : Radio Publique Nationale), lorsqu’ils expliquent les réalités de ce nouveau monde hardi lors d’une interview intitulée « Les jeunes repoussent les catégories de genres » (diffusées sur les ondes le 16 juillet 2013).

Selon l’hôtesse, Margot Adler : « La chose fascinante avec cette génération dans les lycées et universités, est qu’ils vont bien au-delà de la transsexualité. Ils plaident pour un monde au-delà de la binarité des genres – au-delà des genres strictement féminins ou masculins. Et c’est quelque chose dont beaucoup de personnes de plus de trente ans, comme moi, ne sont pas totalement alertes. » Adler parla avec Joy Ladin, décrite comme « une transsexuelle, un homme transformé en femme. » Selon Ladin : « Les gens qui sont tranchants et enthousiasmants, ce sont des gens qui sont fluides entre les sexes (tantôt ils se sentent filles, tantôt ils se sentent garçons). Ce sont des gens qui sont en-dehors de la classification homme-femme. Ce sont des gens qui sont ni homme ni femme. Ils ont une sorte de relation bien plus dynamique. Adler nota alors que Ladin lui avait parlé au sujet d’aller à « une retraite de femmes juives ; toute personne qui se définit comme une femme était la bienvenue -des femmes génétiques, des femmes transsexuelles.

Toutefois, quelques-uns parmi les plus jeunes étaient mal à l’aise. Ils voulaient carrément se débarrasser du mot femme » (Qui se chargerait de cela ?) Adler mentionna : « Dans une université que Joy Ladin visita, les choses étaient tellement fluides que vous pourriez inventer un pronom différent pour un événement différent. » Oui, Ladin expliqua : « Vous pouvez être « elle/sa » à un événement, puis vous partez à un déjeuner et vous dites : ‘Ok, maintenant je suis il/son’. Et alors une charmante jeune femme me dit : ‘Oh oui, aujourd’hui, j’utilise justement les pronoms confectionnés’. »

Cela, cependant, n’est que le commencement. Selon Lynn Walker, directeur chez Housing Works, une organisation qui pourvoit à des logements pour des personnes atteintes du sida : « Nous devons embrasser ce paysage en constant changement, depuis qu’avec « une partie des inscrits [ses clients transsexuels], il faut demander : ‘Bien, quel pronom aimeriez-vous utiliser aujourd’hui ?’ Il se pourrait que ce soit juste pour aujourd’hui. » Comme Adler l’explique : « C’est parce que Walker a des clients qui peuvent s’appeler Jimmy un jour et Dolorès le lendemain. »

Et que faites-vous si les descriptions humaines ne suffisent pas ?

Walker explique : « Nous avons rencontré des étudiants de lycée qui disaient : ‘Je veux que vous m’appeliez Tracteur et que vous utilisiez des pronoms neutres comme ça, cela, ceci. Et, en fait, je rejette le genre binaire comme un mouvement oppressif provenant de la culture dominante. »

Là, vous l’avez ! Un jeune qui dit : « Appelez-moi Tracteur » parce que les catégories masculin-féminin, homme-femme, sont « un mouvement oppressif de la culture dominante. »

Ai-je besoin d’en dire davantage ?



Appelez-moi Tracteur

MICHAEL L. BROWN

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