Si le cœur de l'homme n'est pas en bon état, sa vie n'est que ténèbres. Sa vie n'est qu'au « niveau zéro » de l'édification. Il ne poursuit pas, il n'aspire pas, ou alors ses poursuites et ses désirs sont inclinés vers la destruction ou vers le néant. Ceci est le résultat d'un cœur vide de desseins, d'envie de progrès, de réalisations… bref, d'un cœur malade. Cependant, lorsqu’un cœur devient libre, lorsqu’un cœur s’affranchit de ce qui le tient prisonnier, lorsqu’il commence à avoir la liberté de produire ce pour quoi il a été créé, alors le processus de la génialité se déclenche.

Chaque personne peut être un « génie » à son propre titre, dans son propre domaine d'action, dans son domaine de capacités. On n'a pas besoin d'être un génie en peinture, en art, on peut être une maman simplement géniale, un papa génial, une caissière géniale, un agent d'entretien au-delà de la moyenne. Ce sont des gens comme ça qui changent au quotidien la vie des autres.

Beaucoup de gens ont entendu parler d'Igor Stravinsky, célèbre compositeur et chef d'orchestre. Une personne qui a travaillé pour lui raconta un épisode au sujet d'une certaine Mme Duval, une femme âgée dont le travail était le nettoyage de sols. Elle avait quatre-vingts ans.

Un jour, elle frappa à sa porte et lui dit : « Mademoiselle, je sais que vous n'aimez pas être dérangée, mais le sol, venez voir ; ça brille ! » Elle lui rétorqua : « Madame Duval, vous et M. Stravinsky apparaîtrez devant le Seigneur pour la même raison : chacun a fait ce qu'il devait faire avec toute sa capacité. »

Plus tard, M. Stravinsky, qui connaissait Mme Duval, a pris connaissance de cet épisode et dit : « Quel compliment me faites-vous là ! Parce que lorsque je fais quelque chose, j'ai quelque chose à gagner. Mais elle, elle n'a que le travail à bien faire. »

Il n'y a rien d'ennuyeux dans la vie, excepté nous-mêmes. Lorsque nous commençons à rechercher le perfectionnement dans ce que nous faisons, nous en retirerons certainement une grande joie et une certaine fierté d’exposer notre œuvre aux autres.

Nous savons que notre cœur devient libre parce que nous recherchons à faire quelque chose d'excellent, nous le voulons, nous le poursuivons. Notre outil, nos mains, notre diligence deviennent des instruments d'art au service de notre prochain. Un jour, peut-être que quelqu'un admirera notre œuvre et dira : « Ça brille ! ».