Le grand réveil des Nouvelles Hébrides en 1949 connut aussi un modeste commencement. Deux sœurs, Peggy et Christine Smith, furent les ouvrières que le Saint-Esprit utilisa dans l'intercession.
Peggy, aveugle, avait 84 ans; Christine en avait 82 et se tenait presque courbée en deux tant elle souffrait d'arthrose. Un matin, Dieu les visita et leur dit qu'Il avait entendu leurs prières, et qu'Il verserait de l'eau sur celui qui a soif, et des ruisseaux d'eau sur la terre sèche (Esaïe 44:3), et qu'Il enverrait le réveil.
Un petit groupe se réunit à 22 heures dans une grange afin de prier pour un réveil. À 4 heures du matin, la présence de Dieu se manifesta dans cet humble lieu, et ils sortirent du palpable et du naturel pour entrer dans le surnaturel.
Comme le dit Duncan Campbell, celui qui fut appelé par Dieu pour être l'instrument-clé de ce réveil, lorsqu'il décrit cet événement impressionnant : «C'est le Réveil !» Lorsqu'il arriva sur la place et qu'il dirigea sa première rencontre, l'assemblée était plongée dans l'expectative. Un diacre dit, «M. Campbell, Dieu est en train de planer au-dessus de nous. Sa venue est imminente». Mais quoique ce fût une bonne réunion avec des bons chants et la liberté dans la prière et la prédication, il ne se passa plus rien. À la fin de la réunion, ce même diacre dit à Duncan, « Ne soyez pas découragé ; Il vient. J'entends déjà le roulement des chars célestes. » Puis il suggéra à Duncan, déjà exténué par la fatigue du voyage, que l'on fasse une nuit de prière !
Ils étaient une trentaine à se réunir dans une maisonnette voisine. Duncan Campbell décrit ainsi ce qui se passa: «Dieu commença d'agir, les cieux s'entrouvraient ; nous étions là devant Lui, la face contre terre. Trois heures du matin sonnèrent et DIEU ENTRA MAJESTUEUSEMENT. Une douzaine d'hommes et de femmes complètement prostrés par terre demeurèrent sans voix. Il s'était passé quelque chose, et nous savions que les ténèbres reculeraient, que des hommes seraient délivrés. Nous quittâmes alors la petite maison pour découvrir des hommes et des femmes cherchant Dieu.
Sur un chemin, je trouvais trois hommes, la face contre terre, suppliant le Seigneur d'avoir pitié d'eux. Dans chaque maison, on voyait de la lumière, car personne ne semblait vouloir dormir. » Lorsque Duncan et ses amis arrivèrent à l'église, plus tard dans la matinée, elle était bondée. Un grand nombre d'autobus arrivèrent des quatre coins de l'île, et il était impossible de savoir qui leur avait dit de venir. Un boucher amena sept hommes dans sa camionnette d'une distance de 25 km, et tous les sept furent glorieusement convertis. On voyait vraiment que le Réveil était là. Le Saint-Esprit œuvrait dans les cœurs. Dans l'église toute entière, des hommes et des femmes demandaient grâce. Certains défaillaient, beaucoup pleuraient. Campbell prononça la bénédiction, et presque tous quittèrent la chapelle.
Tout à coup, un jeune homme se mit à prier, et il avait tellement à cœur les âmes de ses amis qu'il pria près de trois quarts d'heure. Pendant ce temps, beaucoup revinrent à l'église suivis de nombreuses autres personnes, à tel point qu'il y avait à l'extérieur une foule du double de celle qu'il y avait à l'intérieur. Les gens venaient de Stornoway, de Ness, et d'autres paroisses. C'est à quatre heures du matin, le lendemain, que Duncan prononça une deuxième fois la bénédiction. Cependant, il ne pouvait toujours pas rentrer chez lui pour dormir un peu.
Alors qu'il quittait l'église, un messager lui dit : « M. Campbell, il y a des personnes au commissariat de police à l'autre bout de la ville. Elles sont dans une grande détresse spirituelle. Quelqu'un peut-il venir prier pour elles ? » Campbell s'y rendit, et quel spectacle ! Sous le ciel étoilé, il vit des hommes et des femmes, sur la route, d'autres à côté d'une chaumière, d'autres encore derrière un tas de tourbe, tous criant à Dieu pour obtenir miséricorde. Le Réveil était là. Cela dura cinq semaines; les réunions ayant lieu de bonne heure le matin jusque tard le soir, ou même jusque dans la nuit. Puis cela se propagea jusqu'aux paroisses avoisinantes.
Ce qui se passa à Barvas se répéta, et se répéta encore. Duncan Campbell dit que la chose la plus remarquable fut la présence extraordinaire de Dieu. Sa Sainte présence était partout. Les pécheurs se trouvèrent dans l'impossibilité d'y échapper. Par exemple, un nouveau converti témoigna auprès d'un jeune homme, et soudain convaincu puissamment de péché, il se mit à trembler. Déterminé à ne pas se « laisser piéger », il se dirigea vers la ville de Stornoway et entra dans une taverne où, là aussi, il trouva des hommes parlant de salut. Il marmonna, « Je ne me sens pas bien ici; je vais aller danser ».
Quelques minutes après s'être rendu dans un bal, une jeune femme s'approcha de lui et, l'appelant par son nom, lui dit : « Où passerions-nous l'eternité si nous mourions maintenant ? » Ce soir-là, le jeune homme donna sa vie à Christ. Il ne put échapper à la présence de Dieu. L'histoire continue, elle ne s'arrête pas; elle est semblable à un barrage géant qui se rompt. Seul le Saint-Esprit pouvait y mettre des limites, et c'est ce qu'Il fit, car le Réveil n'atteignit pas l'Ecosse Anglophone. Néanmoins, il se propagea d'une île à une autre, et en 1957 encore, Dieu manifesta Sa puissance en envoyant un grand réveil sur l'île Uist Nord.
On dit qu'il fut remarquable pour ses conversions et ses manifestations spectaculaires. Duncan Campbell écrivit : « Ceux qui aspirent au réveil doivent s'attendre à ce que Dieu agisse selon Son programme, et non pas selon le leur. Toutefois, dans Sa Souverainté il ne dégage pas les hommes de leur responsabilité. Dieu est le Dieu du réveil, mais l'homme est l'instrument humain par lequel le réveil est rendu possible. » Il est indispensable que nous ne rejetions jamais les instruments choisis par Dieu pour le réveil.
En voici un exemple tiré d'un récit concernant le réveil aux Hébrides : « La vieille Peggy et sa sœur jouissaient toutes deux d'une merveilleuse et sainte communion avec le Seigneur. Quand le mouvement était à son summum, Peggy demanda à Duncan d'aller faire une réunion dans un petit village isolé dont les habitants étaient notoirement connus pour leur attitude négative face au réveil. Campbell n'était pas convaincu de la sagesse d'une telle requête : « D'ailleurs je ne me sens pas d'y aller », dit-il.
Peggy tourna ses yeux aveugles en direction de sa voix : « M. Campbell, si vous viviez dans l'intimité de Dieu comme vous le devriez, Il révèlerait Ses secrets à vous aussi. » Campbell accepta avec humilité cette réprimande, et demanda de passer avec elle la matinée dans la prière. Peggy pria : «Seigneur, souviens-toi de ce que tu m'as dit ce matin; que sept hommes seraient sauvés dans ce village, lesquels deviendraient des piliers de l'église. Seigneur, j'ai transmis ton message à M. Campbell, et il semblerait qu'il ne soit pas disposé à le recevoir.
Oh Seigneur, donne-lui de la sagesse parce qu'il en a bien besoin ». Campbell y alla ! En arrivant vers 19 heures, il trouva une grande maison dans laquelle une foule de gens s'engouffraient. Lorsqu'il eut fini de prêcher, un pasteur lui fit signe afin qu'il aille voir à l'autre bout de la maison un certain nombre de personnes convaincues de péché - parmi elles, les hommes dont parlait Peggy.