En Chine, plus de 30 000 personnes donnent leur vie à Jésus chaque jour. Ce mouvement historique du Saint-Esprit change-t-il la façon dont l’État communiste traite les chrétiens ?
Dorothy Sun assistait à une réunion d’église de maison en Chine, au printemps dernier, lorsque quatre policiers cognèrent à la porte et crièrent à ceux qui étaient à l'intérieur, d’ouvrir la porte. Une fois entrés, ils demandèrent immédiatement à voir les cartes d'identité de chacun. Une dirigeante de l'église s'avança rapidement et se rebiffa contre l’ordre donné, expliquant aux policiers que toutes les personnes présentes dans la salle habitaient dans le bâtiment, qu’elles avaient oublié leurs papiers et qu’elles s’étaient rassemblées pour célébrer la Fête du Travail. Après quelques échauffourées avec la dirigeante, à cause de sa réponse douteuse, les officiers repartirent.
Ce type d’échanges est ce que beaucoup de personnes en dehors des frontières de la Chine croient être la norme pour l'église chinoise, et ce que dit Sun fait partie de la répression secrète qui a encore lieu à l'encontre des chrétiens, et que les autorités chinoises ont pratiquée pendant des décennies. Originaire de Chine, Sun a personnellement ressenti l'aiguillon de la persécution du gouvernement, après avoir passé six années en prison auxquelles il faut ajouter quatorze années de travail forcé dans une usine en guise de condamnation pour sa foi. Depuis, elle est devenue citoyenne américaine, mais revient chaque année en Chine avec son mari, Freddie, qui a également été emprisonné à cause de sa foi, pour avoir travaillé avec les églises de maisons qui refusent de s'enregistrer auprès du gouvernement.
Les Sun, croyants autochtones, sont vivants spirituellement et répandent l'Évangile malgré l'opposition du gouvernement. « La Chine est en plein essor », explique Freddie Sun. Il estime qu'il y a 150 millions de protestants et catholiques, contre 60 millions de membres du parti communiste. « Chaque jour, 30 000 personnes croient en Jésus, même des membres du parti communiste. C'est le plus grand réveil de l'histoire de l'église. »
Tout compte fait, le Saint-Esprit agit d'une manière sans précédent dans la nation la plus peuplée du monde. Cependant, tout le monde n'est pas d'accord pour dire que ce mouvement survient malgré l'opposition du gouvernement. En fait, les missionnaires qui ont vécu en Chine pendant des décennies croient que le gouvernement chinois a radicalement changé ces dernières années, permettant une ère de plus grande liberté religieuse aujourd'hui, qui aurait contribué à ce remarquable réveil.
Des changements étonnants
Dennis Balcombe, un missionnaire charismatique qui s’est installé à Hong Kong à la fin des années soixante, affirme que la situation des chrétiens en Chine continentale est plus nuancée que de nombreux observateurs le décrivent.
« Ce n'est pas comme s'il n'y avait plus de persécution, mais c’est de la persécution isolée », explique Balcombe, qui connaît les Sun et ne remet pas en cause la réalité de leurs expériences. Il est également convaincu que la nation qu'il considère maintenant comme sa maison est spirituellement vivante. « Je suis très optimiste par rapport à ce que je vois en Chine, » dit-il. Balcombe a visité les villes côtières modernes où les églises se comptent en centaines de milliers, et même des congrégations rurales dans lesquelles des milliers de personnes se rassemblent pour adorer Dieu tout au long de la semaine.
Il décrit une église qui possède un centre de prière ouvert 24 heures/24 7jours/7, tenu par des volontaires de 400 congrégations et ayant un séminaire de 500 étudiants. Balcombe a reçu une interdiction de visiter la partie continentale du pays pendant sept ans, chose qu'il attribue à son refus de payer un pot-de-vin. Toutefois, aujourd'hui, il voit une nouvelle ouverture à travers l'église de la part de nombreux responsables gouvernementaux qui reconnaissent que les chrétiens ont joué un rôle majeur dans l'essor économique de la Chine.
Balcombe qualifie d’« obsolètes » les histoires de persécution, expliquant qu’elles ne sont plus vraiment descriptives du christianisme en Chine. Dans de nombreuses régions du pays, ajoute-t-il, les églises de maisons sont même encouragées.
Parce que des milliers de ces églises existent dans de nombreuses villes, les représentants du gouvernement sont aux abois pour toutes les inscrire. Cependant, le gouvernement restreint les églises de trois façons principales :
1. La taille (les méga-églises sont regardées d’un mauvais œil) ;
2. Les questions politiques (elles doivent être évitées) ;
3. L'orthodoxie (le christianisme orthodoxe doit être prêché).
Les croyances pentecôtistes et charismatiques sont maintenant considérées comme orthodoxes. Alors que Balcombe ne peut pas imaginer l’instauration prochaine d’un gouvernement démocratique en Chine, il affirme que son but n'est pas de changer les politiques gouvernementales de toute façon, mais de conduire autant de gens à Christ que possible. Maintenant qu'il n'est plus impliqué dans les tâches pastorales quotidiennes de l'église de Hong Kong qu’il a lui-même fondée, Revival Christian Church, Balcombe voyage régulièrement en Chine continentale.
Après de récentes visites, il se dit « émerveillé » par les changements qui prennent place à travers le pays, ainsi que la croissance explosive de l'église. Il est, en particulier, encouragé de voir le réveil spirituel se propager également aux églises du Mouvement Patriotique des Trois Autonomies (MPTA) approuvé par le gouvernement. Balcombe déclare que cela suscite une union historique entre le MPTA et les dirigeants des églises de maisons, ces derniers qui étaient souvent persécutés par leurs frères et sœurs « sanctionnés » par le gouvernement ».
Balcombe a récemment accepté une invitation d'un pasteur du MPTA pour prêcher dans son église. Le missionnaire a conduit une session d'enseignements pendant toute une journée, au cours de laquelle presque tout le monde fut rempli de l'Esprit, parla en langues et prophétisa. « Je n'ai jamais vu cela en Amérique », dit-il. « J'ai vu des gens affamés, des gens qui ont été guéris, qui ont entendu des histoires de réveil. C'est comme le livre des Actes. Lorsque l’on vit ici, on a une perspective complètement différente [de celle des Occidentaux]. »
Gardez la paix
James Carpenter, un missionnaire qui supervise une église de maison à Shanghai, est témoin de la même ferveur du réveil que Balcombe expérimente. « Quand je vivais en Amérique, si vous pouviez amener quelqu'un au Seigneur une fois par an, c’était bon », dit-il. « Ici, je peux amener quelqu'un au Seigneur une fois par semaine. Les gens ont tellement faim de Dieu. »
Carpenter (qui a demandé au magazine Charisma de ne pas utiliser son vrai nom) préfère, en tant que pasteur, ne pas se faire remarquer par le gouvernement. Cependant, il explique que cela est dû à son héritage américain (les fonctionnaires n'aiment pas que les Occidentaux se mélangent aux citoyens chinois dans les cultes religieux) ainsi qu’aux politiques gouvernementales instables sur la conduite sociale ou religieuse de la nation. « Ce qui est bon aujourd'hui pourrait vous causer des ennuis demain, » explique-t-il. « La Chine se résume à garder l'agitation sociale loin de ses côtes. Toutes les décisions sont motivées par le désir de maintenir la paix. Ce qui apparaît comme une intolérance religieuse est motivé la plupart du temps par des fanatiques religieux qui causent des problèmes. »
En ce qui concerne les interférences ou la persécution par les autorités, Carpenter déclare que les espions du gouvernement ont assisté à ses réunions dans l’église, et qu’il a fait l'objet d'écoutes clandestines. Toutefois, il affirme que ces réalités ne représentent pas une situation d’oppression constante. Il insiste sur le fait que tant qu’une église de maison compte moins de 100 personnes, elle ne rencontre aucun problème avec le gouvernement, en général. Si c'est le cas, le conflit est habituellement généré par des plaintes de voisins, en particulier dans les zones urbaines où les cultes deviennent trop bruyants », dit-il.
Cependant, les Sun ont connu une expérience différente dans leur implication avec les églises de maisons en Chine. Dorothy Sun sert en tant que codirecteur de la division chinoise de l’organisation Christian Aid Mission (CAM), une agence qui forme des missionnaires dans 122 pays et gère 146 écoles bibliques à travers toutes les provinces de la Chine et du Tibet. Elle révèle que la persécution des croyants par le gouvernement chinois est chose banale aujourd'hui, sauf qu’elle est maintenant masquée aux yeux du monde extérieur à cause de la croissance économique de la nation. « Beaucoup de gens sont trompés en voyant des photos de bâtiments de quatre étages et d’hôtels modernes », dit Dorothy, en faisant allusion à la métamorphose architecturale de Pékin. « Ils ne connaissent jamais la souffrance des églises et l’oppression que le gouvernement fait subir aux gens. »
Pratiquer dans l’ouverture
Bien que les avis divergent sur le degré de cette souffrance et la mesure de la croissance de l'église, Balcombe estime le nombre de croyants actuels entre 80 et 110 millions, le fruit spirituel de ce changement est indéniable. Carpenter a remarqué que proportionnellement à leur développement au-delà de la taille de petits groupes, les églises cherchent aussi à être davantage fondées dans la doctrine biblique, ce qui ouvre une porte à des possibilités de ministère plus profond. « Ils demandent : « Allez-vous parler du Saint-Esprit ? » Et je parle de l'Esprit pendant trois jours », raconte-t-il. « Je vais même parler du baptême du Saint-Esprit. Je vais poser la question, et tout le monde dans la salle le veut, que ce soit 15 ou 150. »
Balcombe révèle une autre tendance, celle des croyants qui quittent les maisons en faveur de réunions dans des bâtiments d’églises, ou dans des locations de salles d’hôtels et d'autres lieux où il est possible de se rassembler. Dans n'importe quelle grande ville, tous les dimanches, dit-il, des centaines de milliers de ces congrégations se réunissent dans des hôtels, des restaurants et autres lieux publics. Dans des régions comme Wenzhou, une grande ville portuaire dans le Sud-est, des églises ont construit leur propre bâtiment pouvant accueillir 1 000 personnes ou plus. Il note : « C'est très bien pour l'évangélisation, car cela attire beaucoup de gens. »
En raison de cette nouvelle ouverture, Balcombe déconseille l'utilisation du terme « église souterraine », expliquant qu’il renferme des connotations négatives d'un gouvernement qui tente d'anéantir le christianisme. « Beaucoup utilisent encore le terme « église de maison » en Chine, mais cela a besoin d'être défini.
Pour un chrétien chinois, une « église de maison » est une église qui ne dépend pas du Mouvement Patriotique des Trois », explique-t-il. « Certains se rencontrent dans des bâtiments surmontés d’une croix, mais comme ils ne sont pas du MPTA, ils sont considérés comme des églises de maisons. Nous pourrions utiliser d'autres termes, comme les églises non enregistrées, ou les églises locales ou indépendantes. » Quel que soit le terme utilisé pour décrire le véhicule dans lequel le Saint-Esprit est en mouvement, le centre d’intérêts pour les habitants tout comme pour les missionnaires, est comment Dieu continue d’apporter l'espoir à un peuple autrefois opprimé. « C’est le réveil ! », s’exclame Dorothy Sun.
« En 1949, les communistes ont pris le dessus, et il y avait moins de 40 millions de chrétiens. Traversant toutes sortes de persécutions, nous avons doublé, atteignant plus de 80 millions de croyants. Comme la Bible le dit, quand un grain meurt, plus tard, vous verrez une récolte. C'est ce qui est en train de se passer. »
Ken WALKER
Source : Charisma News