Interview de Don Moen : l’adoration est plus qu’une chanson



Au cours de ces dernières années, quelle leçon la plus profonde avez-vous apprise concernant l’adoration ?

Don Moen : Il y a plusieurs années, lorsque j’ai commencé à composer la musique de louange et adoration, les gens se moquaient de moi et disaient : « Ce n’est pas de la musique ça, ce n’est pas sérieux ». Ce n’est que ces dernières années que la musique de louange et adoration est devenue une catégorie à part. La plupart des artistes enregistrent maintenant des CD d’adoration, et ils commencent à devenir les meilleurs. Ce n’est donc que récemment que la louange et l’adoration ont été reconnues comme une catégorie très significative, et c’est pour ainsi dire la seule dans la musique chrétienne qui soit toujours en train d’expérimenter une solide croissance. Pourtant, durant de longues années, ce n’était pas le cas. Alors c’était toujours un défi d’être reconnu sans compromettre son intégrité.

Quelle est la plus grande leçon que vous avez apprise sur la vie durant ces dernières années ?

Don Moen : Soyez vous-même ! Peu importe ce que vous faites. Bien souvent, les gens essaient d’être qui ils ne sont pas. Je suis un chanteur de ballades, et je n’ai pas de piment comme certains artistes. Mes enfants ne diraient pas de mes chansons qu’elles sont « cool », mais la plus précieuse leçon que j’ai apprise, c’est que je devais être heureux et satisfait avec qui Dieu a fait de moi. Je crois que c’est tellement facile de se laisser attraper par la production et la présentation de quelque chose, et de ne pas se poser les questions délicates comme : « Pourquoi fais-je ce que je fais ? » Nous devrions tous analyser ce que nous faisons chaque jour et demander : « Pourquoi avons-nous fait ce que nous venons de faire ? »

Quel a été le plus grand défi auquel vous avez fait face depuis que vous avez commencé à composer de la musique comme un appel et une carrière ?

Don Moen : Organiser mon temps de façon équilibrée est probablement le plus grand défi. Trouver un équilibre entre mon travail au bureau et mon rôle de père, mari et compositeur a été un grand défi, et c’est devenu encore plus dur maintenant que mes enfants sont plus âgés. Lorsque les enfants sont plus jeunes, ils ont besoin de nourriture, d’un foyer et d’un bain, mais lorsqu’ils grandissent, ils commencent à étudier et ont besoin d’aide pour leurs devoirs à la maison, puis ils passent leur permis. C’est l’une des raisons pour lesquelles j’ai renoncé à beaucoup de choses. Vous n’avez vos enfants qu’une seule fois. Lorsque les gens me demandent s’ils peuvent prier pour moi, je leur demande de prier pour que j’aie de l’équilibre dans ma vie.

Que signifie pour vous un « style de vie d’adoration » ?

Don Moen : Avant tout, cela signifie que l'adoration est plus qu'une chanson. C’est important de se rappeler que la musique n’est qu’une facette de l’adoration. Pour moi, le style de vie d’adoration signifie être la même personne à la maison et au supermarché que celle que je suis sur les planches. Cela veut dire suivre l’exemple de Jésus qui était le Fils de Dieu, mais également le Fils de l’Homme. On pouvait approcher Jésus, et les gens aimaient être avec Lui. Demandez-vous simplement : « Jésus était-Il un vrai adorateur ? » Assurément, Il l’était !

Comment pouvez-vous expliquer la connexion puissante entre la musique et l’expression d’adoration ?

Don Moen : Avant tout, la musique est un outil tellement puissant pour rassembler les gens. Par exemple, une chanson peut être chantée partout dans le monde dans différentes langues et avoir la même signification. Alors, pourquoi ne pas utiliser la beauté et la puissance de la musique pour faciliter l’adoration de Dieu ? Regardez l’histoire : Bach et Händel étaient les compositeurs de l’église. La musique a également la capacité de faire tomber les obstacles. J’ai vu la puissance de la chanson rassembler des congrégations et dominations là où le plus merveilleux sermon ne le pouvait pas. C’est difficile de rester fâché avec quelqu’un à côté de qui vous êtes assis et d’expérimenter la présence de Dieu à travers un chant.

Qu’est-ce qui vous pousse à écrire de nouvelles chansons ?

Don Moen : Je ne me sens jamais poussé à écrire des chansons. Je veux dire… Je me sens un peu poussé maintenant parce qu’il y a une date butoir (rire). Sérieusement, j’essaie vraiment d’être fidèle en m’asseyant au piano et en demandant : « Seigneur, que veux-Tu que je dise ? » Parce que c’est un don que j’ai reçu. Lorsqu’il y a un besoin, ma première réponse est de l’adresser musicalement. Par exemple, lorsque j’ai écrit « God will make a way » (Dieu fera un chemin), je ne me sentais pas vraiment poussé à l’écrire, mais je voulais savoir quoi dire pour soulager la douleur de ceux qui ont perdu un être cher, et ma première réponse a été d’écrire ce chant. Maintenant, il m’est déjà arrivé de faire des rêves dans lesquels je recevais la mélodie et les paroles d’une chanson, et j’entendais quelqu’un qui disait : « Voici les paroles et voici les accords, écris-les ! » Alors, j’allais vraiment au piano et je les écrivais.

Décrivez l’expérience d’adoration la plus puissante que vous avez eue.

Don Moen : En fait, il y en a deux. L’une se produisit juste après avoir écrit la chanson « I Just Want To Be Where You Are » (Je veux juste être là où Tu es). J’avais l’habitude de composer des chants dans l’appartement d’une dame qui possédait un grand piano, et en fait j’étais en train d’écrire la chanson « This Is My Holy Place » (C’est mon lieu saint), laquelle était la dernière chanson du musical God With Us. Pendant que j’écrivais la chanson, un réel puissant sens de la présence de Dieu survint brusquement dans cette pièce. En fait, je ne pouvais que tomber à genoux parce que ce sentiment était si intense. J’ai littéralement dû arrêter de prier parce que je pensais en moi-même : « Ils vont me retrouver mort dans cette pièce demain sans savoir ce qui s’est passé. » Depuis lors, j’ai souvent souhaité ne pas m’être arrêté de prier. L’autre expérience se produisit durant l’enregistrement de Bless The Lord (Bénis le Seigneur) à Orlando, en Floride, chez Calvary Assembly of God. Toute la face deux de cet album, commençant avec « I Just Want To Be Where You Are » et finissant avec « This Is My Holy Place », était l’un des moments d’adoration les plus impressionnants que je n’ai jamais expérimenté. En fait, lorsque je l’écoute aujourd’hui, cela me transporte encore. Pour que je puisse écouter ma propre musique et être encore submergé par la présence de Dieu, cela en dit long sur la puissance de cette nuit.

À quoi ressemble un processus de composition pour Don Moen ?

Don Moen : Lorsque j’ai commencé à composer de la musique, il n’y avait pas beaucoup de personnes qui écrivaient de la musique chrétienne. Je récoltais des idées de chansons lorsque je « ministrais » chaque soir auprès d’un groupe de musique, et je pensais : « Si seulement j’avais une chanson qui disait cela… », et parce que je ne pouvais pas trouver une chanson comme ça, je l’écrivais. Je n’ai jamais planifié d’être compositeur, et je continue à penser que j’ai encore un long chemin à parcourir. J’essaie d’écrire des chansons en me basant sur l’intérêt du ministère. « Qu’a-t-on besoin de dire ici et maintenant ? » Beaucoup de fois, je vais dans une église déserte et je demande : « Qu’est-ce qui va m’aider à entrer dans la présence de Dieu ce matin ? » En fait, avec « God Is Good All The Time » (Dieu est bon tout le temps), j’étais assis dans un culte où le pasteur disait : « God is good », et les gens répondaient : « Tout le temps », et j’ai pensé : « On a besoin d’avoir une chanson comme ça ». Alors, je suis allé voir Paul Overstreet pour lui dire : « Paul, et si nous écrivions une chanson qui dit que Dieu est bon tout le temps ? »

Qui a le plus influencé votre ministère/musique, et comment ?

Don Moen : Ray Schaibly probablement, mon pasteur lorsque j’avais douze ans, qui est parti l’an dernier. Ray a été mon pasteur de mes huit ans à seize ans, et c’est vraisemblablement la période la plus importante dans la vie d’un garçon. Mon père n’allait pas à l’église, alors Ray m’emmenait pêcher et chasser. Après le culte, il nous dirigeait dans la louange avec sa guitare et nous invitait à l’autel pour adorer Dieu. Je peux honnêtement dire que j’ai pensé à plusieurs reprises : « Je ne crois pas que je serais devenu ce que je suis aujourd’hui sans l’intervention de Ray Schaibly et ce qu’il a fait dans ma vie. » Ray m’a donné une faim pour ces moments dans la présence de Dieu. Qu’aurais-je surligné d’autre dans ma Bible, à douze ans, si ce n’est Psaumes 27:4 : « Je demande à l’Éternel une chose, que je désire ardemment : je voudrais habiter toute ma vie dans la maison de l’Éternel, pour contempler la magnificence de l’Éternel et pour admirer son temple. » Je sais que cette faim vient de ce que Ray faisait dans ma vie. Je suis resté en contact avec lui au fil des années et je continue à le rester avec son épouse.

Vous avez collaboré avec d’autres compositeurs comme Paul Overstreet et Claire Cloninger. Avez-vous trouvé que ce type de collaboration vous aide à sortir des sentiers battus et à étirer vos muscles créatifs ?

Don Moen : La collaboration est un processus très agréable. Je trouve que je suis toujours fort sur les mélodies, et elles arrivent facilement pour moi. Lorsque j’étais au lycée, je suis allé à un événement où il y avait une compétition pour écrire des chansons en deux fois trente-deux secondes. Je les ai écrites, et cela ne m’a pas pris tout ce temps. Je n’y avais pas prêté attention avant, mais le professeur avait écrit sur ma feuille : « Jeune homme, vous avez vraiment un don unique pour écrire des mélodies, que vous devez développer ». Pour moi, c’est très facile d’écrire une mélodie. Alors, il m’est bon de collaborer avec quelqu’un qui ait un bon concept de mélodies, mais également un bon concept de paroles.


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